La
France n’est pas une véritable démocratie
Dans une démocratie idéale, le peuple prendrait lui-même
toutes les décisions politiques. C’est la démocratie directe. Il n’y aurait pas de
représentants, et donc pas d’élections. Cette pure démocratie directe n’est toutefois
pas réalisable au niveau national dans un pays moderne où l’Etat doit prendre
quotidiennement une grande quantité de décisions : les citoyens ont
d’autres choses à faire que de gérer les affaires publiques quotidiennes. C’est
pourquoi le peuple délègue certains de ses pouvoirs à des représentants. Ce que
l’on appelle la démocratie représentative, et qui n’est qu’une
pseudo-démocratie, est un système où ces représentants confisquent le pouvoir
entre deux élections (il existe encore d’autres effets pervers de cette
représentation par des élus, voir ici).
1 Améliorer le processus électoral et le
contrôle des élus
L’approche la moins révolutionnaire consiste à améliorer
le processus électoral et le contrôle des élus. Des éléments importants existent déjà
concernant par exemple la séparation des pouvoirs et le financement des partis.
Certains, en particulier Ségolène Royal (voir ici), proposent un contrôle des différents pouvoirs par des citoyens tirés
au sort (voir aussi Jaques Roman ici). Ces
propositions méritent d’être discutées. Mais même si elles sont utiles, on peut
voir d’amblée qu’elles ne seront pas suffisantes. En effet, les élus
continueraient de confisquer le pouvoir entre deux élections.
2 Tirage au sort des représentants
Une seconde approche consiste à réduire les effets
pervers de la démocratie représentative en modifiant la façon de désigner les
représentants. La proposition consiste à choisir les représentants du peuple
par tirage au sort plutôt que par des élections. Ces représentants tirés au
sort auraient un pouvoir décisionnel et pas simplement de contrôle. Des
objections viennent immédiatement à l’esprit. Mais ces premières objections ne s’adressent
souvent qu’à la variante la plus simple du tirage au sort. Pour une discussion
approfondie d’une variante plus sophistiquée, consultez Etienne Chouard (voir son site ici, et voir ici un texte
centré sur le tirage au sort). Chouard souligne que l’élection pousse au
mensonge (pour gagner les élections), à la corruption (pour financer les
campagnes électorales), étouffe les résistances contre les abus de pouvoir, et
s’avère élitiste. Le tirage au sort évite ces effets pervers puisqu’il évite
les campagnes électorales et que les représentants tirés au sort peuvent
difficilement constituer une caste (ils n’occupent une charge que
transitoirement et ne peuvent pas déterminer qui les succédera). La question du
tirage au sort est complexe. J’y reviendrai dans des articles ultérieurs. Chouard
imagine des systèmes mixtes. Par exemple, une Assemblée nationale élue rédigerait
les lois, mais devrait les soumettre à une Assemblée de citoyens tirés au sort
qui disposerait d‘un droit de veto. Chouard plaide surtout pour la création d’une
Assemblée constituante tirée au sort et chargée de rédiger une nouvelle
Constitution. La Constitution est en effet le texte clef qui peut protéger
contre les abus de pouvoir.
3 Démocratie semi-directe
Les citoyens ont d’autres choses à faire que
de gérer les affaires publiques quotidiennes. Cela justifie qu’ils aient des
représentants pour se charger de ces tâches. Mais cela ne justifie pas que ces
représentants confisquent le pouvoir entre deux élections. L’idée de la
démocratie semi-directe est que le peuple conserve le pouvoir d’intervenir dans
les affaires publiques par référendum (pour s’opposer à une décision des élus)
ou initiative (le peuple prend l’initiative de modifier la législation). Il
faut bien distinguer le véritable
droit de référendum et d’initiative des versions bidon qui
existent actuellement en France (voir ici, là et là). On
parle de démocratie semi-directe, parce qu’elle a une composante représentative
(élections) et une composante directe (référendum et initiative). On sait
empiriquement que cette approche est réalisable, puisqu’elle fonctionne en
Suisse (voir ici, là et là). Yvan
Blot (voir ici) et
Yvan Bachaud (voir ici,
ainsi que le RIC)
sont des partisans particulièrement connus de cette approche. Il y a encore
beaucoup d’autres partisans de la démocratie semi-directe, de sorte qu’il est
difficile de commencer une liste sans commettre d’injustice. Disons que le CRI
s’est fait particulièrement remarqué récemment sur ce sujet et le député
Vanneste à déposé une proposition dans ce sens (voir ici).
4 Démocratie directe
L’idée est de renoncer à confier une partie du pouvoir à
des représentants. C’est le peuple lui-même qui prend toutes les décisions.
Cette approche ne semble pas réalisable au niveau national, mais peut l’être au
niveau local. L’action des Indignés relève essentiellement de cette approche.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.