Crise
de gouvernance : pourquoi l’euro aggrave les crises
Lorsque différents pays adoptent une monnaie commune, ils
perdent un outil important de stabilisation économique : leur politique
monétaire nationale. Ces politiques monétaires nationales sont remplacées par une
politique monétaire unique qui risque de ne pas convenir simultanément à tous
les pays de la zone monétaire. Etant trop restrictive pour les uns, elle y
renforce la crise. Etant trop expansive pour les autres, elle y conduit à une
surchauffe qui peut provoquer la prochaine crise. Ainsi, la politique monétaire
commune qui était trop expansive pour l’Espagne a contribué à la bulle
immobilière dont l’explosion a provoqué la crise espagnole.
Ce problème devient particulièrement aigu si un choc
économique important touche certains pays et pas d’autres (on parle d’un choc
asymétrique). Pour qu’une monnaie unique puisse fonctionner, il faut que les
pays qui l’adoptent aient les caractéristiques suivantes (je présente ici une
vulgarisation de la théorie de la zone monétaire optimale) :
· Homogénéité
Si ces pays sont suffisamment similaires, ils seront tous touchés de la même façon par les chocs (absence de choc asymétrique). Une politique monétaire commune permettra alors de stabiliser simultanément les économies de tous les pays membres. Mais l’Allemagne et la Grèce ne sont pas du tout similaires d’un point de vue économique.
Si ces pays sont suffisamment similaires, ils seront tous touchés de la même façon par les chocs (absence de choc asymétrique). Une politique monétaire commune permettra alors de stabiliser simultanément les économies de tous les pays membres. Mais l’Allemagne et la Grèce ne sont pas du tout similaires d’un point de vue économique.
· Flexibilité
Un pays qui n’a plus de monnaie nationale ne peut plus laisser son taux de change se déprécier. Une grande flexibilité des prix et des salaires permet partiellement d’obtenir les mêmes effets. Ce n’est toutefois que partiel, car n’ayant plus de monnaie nationale, le pays ne peut plus s’endetter dans sa propre monnaie, et le poids de l’endettement libellé dans la monnaie unique s’alourdit quand les revenus baissent. De plus, même si la dette était indexée sur les prix, il resterait très difficile d’obtenir une flexibilité des prix et des salaires telle que la flexibilité des taux de change puissent être répliquée. Finalement, même si l’on parvenait ainsi à répliquer la flexibilité des taux de change, cela ne permettrait pas de répliquer l’effet d’une politique monétaire autonome, car le taux de change n’est que l’un des canaux par lesquels la politique monétaire peut stabiliser l’économie. La flexibilité des prix et des salaires ne permettrait donc pas d’éviter que la crise provoque du chômage. D’où l’importance de la mobilité internationale des travailleurs : ce chômage augmente moins dans le pays touché par la crise si les travailleurs vont se faire embaucher à l’étranger. Dans la zone euro, les salaires sont toutefois relativement rigides, et la mobilité des travailleurs est limitée notamment par les différences linguistiques.
Un pays qui n’a plus de monnaie nationale ne peut plus laisser son taux de change se déprécier. Une grande flexibilité des prix et des salaires permet partiellement d’obtenir les mêmes effets. Ce n’est toutefois que partiel, car n’ayant plus de monnaie nationale, le pays ne peut plus s’endetter dans sa propre monnaie, et le poids de l’endettement libellé dans la monnaie unique s’alourdit quand les revenus baissent. De plus, même si la dette était indexée sur les prix, il resterait très difficile d’obtenir une flexibilité des prix et des salaires telle que la flexibilité des taux de change puissent être répliquée. Finalement, même si l’on parvenait ainsi à répliquer la flexibilité des taux de change, cela ne permettrait pas de répliquer l’effet d’une politique monétaire autonome, car le taux de change n’est que l’un des canaux par lesquels la politique monétaire peut stabiliser l’économie. La flexibilité des prix et des salaires ne permettrait donc pas d’éviter que la crise provoque du chômage. D’où l’importance de la mobilité internationale des travailleurs : ce chômage augmente moins dans le pays touché par la crise si les travailleurs vont se faire embaucher à l’étranger. Dans la zone euro, les salaires sont toutefois relativement rigides, et la mobilité des travailleurs est limitée notamment par les différences linguistiques.
· Solidarité
L’impact d’un choc asymétrique peut être amoindri si les pays qui ne sont pas en crise aident financièrement les pays touchés. La construction de la zone euro excluait explicitement ces transferts (clause de « no bailout »). Lorsqu’une monnaie correspond à un pays plutôt qu’à un ensemble de pays, des mécanismes automatiques de transfert sont mis en place (notamment via une assurance chômage commune). Ceci implique aussi une perte d’autonomie budgétaire des pays membres pour éviter que certains pays choisissent de vivre aux dépens des autres pays. Ainsi, on voit mal qu’un pays finance durablement les caisses d’un autre pays où l’on prend la retraite plus tôt.
L’impact d’un choc asymétrique peut être amoindri si les pays qui ne sont pas en crise aident financièrement les pays touchés. La construction de la zone euro excluait explicitement ces transferts (clause de « no bailout »). Lorsqu’une monnaie correspond à un pays plutôt qu’à un ensemble de pays, des mécanismes automatiques de transfert sont mis en place (notamment via une assurance chômage commune). Ceci implique aussi une perte d’autonomie budgétaire des pays membres pour éviter que certains pays choisissent de vivre aux dépens des autres pays. Ainsi, on voit mal qu’un pays finance durablement les caisses d’un autre pays où l’on prend la retraite plus tôt.
La zone euro n’est pas adaptée pour avoir une monnaie
unique. Elle aggrave les crises en empêchant chaque pays membre de stabiliser
son économie. En plus, elle ne prévoyait pas de dispositif pour gérer ces
crises. C’est pourquoi la gestion de la crise a été improvisée. On peut certes
réformer la zone euro. Mais il y a plusieurs façons de le faire. Les dirigeants
tentent d’en choisir une en contournant les traités, souvent au mépris des
parlements nationaux, et toujours au mépris du peuple.
Déficit
démocratique
Pourquoi la zone euro a-t-elle été aussi mal conçue ?
C’était une stratégie visant à placer les parlements nationaux devant le fait
accompli. Comme les parlements n’étaient pas disposés à accepter la perte de
souveraineté nationale qu’implique une union monétaire, il a été décidé de
faire la moitié du chemin, avec l’idée que lorsque la crise frapperait la zone
euro au milieu de la rivière, on dira qu’il n’y a pas le choix : il faudra
faire le reste du chemin. La mauvaise gouvernance, cause de la crise de l’euro,
a donc elle-même été causée par le déficit démocratique.
Le
peuple doit prendre les manettes
En démocratie, c’est le peuple qui a le pouvoir. Comme il
n’a pas le temps de s’occuper des affaires publiques quotidiennes, il délègue
des compétences à des représentants. Mais sur une question aussi importante que
les transferts de souveraineté dans le cadre d’une union monétaire, le peuple
devrait obligatoirement être consulté. Lui seul a la légitimité pour décider
sur un point aussi important. A cette question fondamentale de légitimité s’ajoute
aujourd’hui encore un autre élément : en maltraitant les traités, les élus
et les eurocrates ont perdu toute crédibilité. Seuls les peuples d’Europe peuvent
donner une crédibilité à de nouveaux traités.
Il faut que les pays d’Europe deviennent de véritables
démocraties. La priorité est d’introduire dans chaque pays un droit de
référendum et d’initiative au niveau constitutionnel. La situation est actuellement
relativement propice en France où il faut tirer parti des prochaines élections.
Diffusez la revendication : « le peuple, et uniquement le peuple,
doit pouvoir modifier la Constitution » que vous trouverez ici.
Voir ici
pour une argumentation plus détaillée.
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